Médicaments vétérinaires

Médicaments vétérinaires

Les médicaments font partie des polluants "émergents", dont on parle de plus en plus. En réalité, ce ne sont pas des polluants nouveaux, mais ils sont nouvellement recherchés...

Les premières études sur le sujet datent des années 1980. En 2002 aux USA, on s'aperçoit que 80% des rivières renferment des résidus médicamenteux, et des effets biologiques sur la faune aquatique commencent à être mis en évidence. 

La part des médicaments vétérinaires est bien moindre que celle des médicaments humains. Il est difficile de comparer les 2 secteurs en terme de tonnage, car les chiffres ne sont pas facilement disponibles pour le secteur vétérinaire, mais on peut le faire en se basant sur le chiffre d'affaires :

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                                            Médt humain       /        Médt vétérinaire

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                                                21,7              /           0,9

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                                             Chiffre d'affaire 2004 en Milliards d'euros

 

Modalités de contamination

* Les médicaments humains peuvent polluer les ressources en eau selon 2 modalités : par le rejet dans les cours d'eau à partir des stations d'épuration, et après épandage sur les terres agricoles des boues de ces stations.

* Les médicaments vétérinaires provenant des animaux de compagnie peuvent gagner les cours d'eau par ruissellement de la pluie qui entraine les déjections, et par infiltration dans le sol. Mais cela représente des quantités minimes sans conséquences. Le problème essentiel est l'apport par les effluents d'élevage. La contamination de l'environnement par les médicaments utilisés chez les animaux de production est liée à l'apport par les déjections soit au paturage, soit lors d'épandage. Une contribution est possible également par les autres effluents que sont les eaux de lavage des bâtiments, et plus particulièrement l'eau de lavage de la salle de traite, car elle a pu renfermer du lait provenant d'animaux ayant reçu des traitements médicamenteux.  Ces médicaments présents dans les effluents d'élevage peuvent ruisseller jusqu'au cours d'eau le plus proche, et peuvent également être entrainés par percolation dans les eaux souterraines.

A cet apport par les animaux terrestres il faut rajpouter la contribution des piscicultures. En effet les médicaments administrés aux poissons d'élevage sont entrainés dans le cours d'eau en aval.

 

Médicaments en cause

Les principaux médicaments humains en cause sont : 

- les antibiotiques

- les anticonceptionnels

- les hypolipémiants

- les antiinflammatoire non stéoridiens (AINS)

- les anitdépresseurs

- les médicaments cardiovasculaires

Les plus préoccupants sont les antibiotiques, les substances hormonales et les anticancéreux.

Pour les médicaments vétérinaires, les substances en cause sont essentiellement les antibiotiques et les antiparasitaires.

 

Nature du danger

1. Les antibiotiques

En médecine humaine, les principes actifs disponibles sont très variés. Mais pour les animaux, on utilise principalement 3 familles : les tetracyclines, les Blactamines et les sulfmaides (souvent en association avec le triméthorprime), et pour ces antibiotiques, on peut considérer que la contribution vétérinaire dans la pollution des eaux est relativement importante.

Le danger est alors essentiellement un danger pour la santé publique : le risque de sélection de bactéries résistantes, et à terme d'inefficacité thérapeutique. Le danger environnemental est théorique, mais ne semble pas vérifié : la présence de résidus d'antibiotiques dans le sol et les eaux ne semble pas provoquer de perturbation des équilibres microbiens et de la minéralisation de la matière organique.

2. Les antiparasitaires

Les médicaments antiparasitaires retrouvés dans l'eau sont essentiellement d'origine vétérinaire. Mais pour nombre d'insecticides/acaricides/nématodicides, il s'agit de molécules à usage mixte : vétérinaire et phytosanitaire.

Il y a alors un danger potentiel théorique pour tous les invertébrés du sol et de l'eau, avec effet toxique direct, éventuellement létal. Mais il faut pour cela que les concentrations atteintes soient suffisantes.

Certains antiparasitaires sont par ailleurs suspectés de pouvoir exercer un effet perturbateur endocrinien : le kétoconazole, les pyréthrinoïdes, le fipronil... (voir la page "Perturbateurs endocriniens").

 

Evaluation du risque

Du point de vue réglementaire, cette évaluation suit la ligne directrice européenne EMEACVMP/ERA/418282/2005. L’appréciation du risque environnemental est obligatoire pour toute demande d’AMM de MV sauf pour

-        les substances destinées aux Animaux de compagnie

-        les substances physiologiques (vitamines, électrolytes…)

-        les substances destinées au traitement individuel d’un petit nombre d’animaux

-        les substances destinées au traitement d’espèces mineures élevées et traitées comme l’espèce majeure pour laquelle l’appréciation du risque a déjà été réalisée

-        les substances intensément métabolisées chez l’espèce traitée

 

L'évaluation suit une démarche en 2 étapes :  

Phase I : Evaluation de la quantité de médicament qui se retrouvera dans l’environnement après administration du médicament vétérinaire dans les conditions préconisées

                  Détermination de la PEC: prédictable environmental concentration  .

Si la PEC dans le sol est < 0,1 mg/kg ou la PEC dans l’eau < 1 microg/l

                  on considère que le risque est acceptable

Dans le cas contraire, les médicaments suivent la phase II

 

Phase II : elle a pour objet de préciser le devenir dans l'environnement et la toxicité pour les organismes. Elle comprend donc 2 volets : 

- étude de dégradabilité dans le sol et le sédiment

- réalisation de tests d’écotoxicité aiguë sur microorganismes, ver de terre, daphnie, poisson, végétaux. Si le médicament a des propriétés ecto ou endoparasiticides, on réalise également des essais sur les insectes bousiers

Ces essais conduisent à l’évaluation de la PNEC : predictable no effect concentration  = concentration sans effet toxique.

 

On compare alors PEC et PNEC. SI le rapport PEC / PNEC est < 1, le risque est considéré acceptable. S’il est > ou = 1, des essais complémentaires sont demandés. La décision sera prise en fonction de leurs résultats :

-        l’AMM est accordée

-        l’AMM est refusée

-        l’AMM est accordée avec restriction des conditions d’emploi.

 

NB . Les médicaments destinés aux espèces aquacoles et les médicaments endo et ectoparasiticides entrent directement en phase II